mercredi 11 avril 2012

Enfants des rues, enfants battus, Monopoly..

Eh bien, ça fait juste un petit moment et je commence à recevoir des mails d'impatience. (Hé ! j'avais précisé que je ne saurai pas tous les combien je pourrai écrire !).
Depuis la dernière fois donc, moultes choses se sont passées, chouette !

Tout d'abord, le second orphelinat dans lequel je devais aller : en fait, ça n'en était pas un, c'était plutôt l'équivalent je dirais d'un centre aéré pour nous, sauf que.. les enfants y viennent mais peuvent librement partir. Ils sont là parce qu'ils seraient dans la rue sinon, et d'ailleurs, ils y sont.
Le placement se situe en périphérie de Córdoba, et, pour le coup, le dépaysement était certain. Le bus dépose à un arrêt de bus un peu plus loin. Quand je dis arrêt de bus, comprendre "arbre". Comment comprend-on que c'est cet arbre et pas un autre ? On ne peut pas le savoir, c'est comme ça, c'est tout.

On arrive donc à pieds, sur une route de terre plus ou moins aplatie, bordée par des maisons en décomposition. Les murs en pierre s'écroulent, laissant entrevoir par l'ouverture de ce qui devait être autrefois une porte, un matelas à même le sol, reflétant par son état le reste de la maison. Une table en plastique cassée dans une maison, un enfant qui dort à même le carrelage cassé dans une autre et dehors, dans la rue et au fur et à mesure qu'on avance, passent devant nous chiens errants et enfants de tous âges.
Le lieu en question est un local prêté par des nonnes pour les enfants (je vous laisse imaginer la beauté de la décoration avec le Christ ensanglanté et autres représentations douteuses), afin d'avoir un lieu pour qu'ils puissent se retrouver et avoir un encadrement pendant quelques heures, et surtout, un goûter, chose qu'ils n'ont pas toujours les moyens d'avoir. Ce goûter, donc, consiste en une bassine de lait dans laquelle ils remplissent à tour de rôle un gobelet (l'eau est potable, mais il y a parfois des petits vers malgré les filtres, donc ils se jettent sur le lait) et du pain qu'on a fait et fait cuire nous même (pas peu fière) dans un vieux four en terre cuite, à l'extérieur de la pièce.
Ensuite, on les surveillait pendant qu'ils jouaient, tout simplement.
C'était donc plus "pauvre" à proprement parler que l'orphelinat dans lequel je travaille, mais ces enfants là ont toujours une famille, et y viennent pour s'amuser et non pour y vivre en permanence.

Pour en revenir à l'orphelinat, c'est bon, je me suis faite adopter par les petits bouts. :)
Ce matin je me suis retrouvée ensevelie sous une pile de petits bonhommes qui voulaient un câlin, mais comme les deux premiers étaient un peu brusques, je suis tombée, et hop un autre qui arrive, et un autre, et hop, une pyramide d'enfants, et moi dessous.
Ils accordent leur confiance assez facilement je dois dire, donc on devient vite leur ami(e).
En plus de l'aide aux tâches de la vie quotidienne, il y a aussi l'aide aux devoirs puisque plusieurs vont a l'école.
Aujourd'hui, j'ai appris qu'il y a parmi eux beaucoup de fratries, et aussi qu'en réalité, plusieurs ont encore leurs parents biologiques. Leur garde leur ont été retirée pour maltraitance ou, pour la majorité des cas, pour cause d'inceste. Je ne me permettrai pas de juger la loi argentine car je ne la connais pas, mais j'ai été choquée d'apprendre que certains parents conservent un droit de visite très régulier auprès de leur enfant, après les fautes graves qu'ils ont commises.

Aujourd'hui est arrivée une petite de 4 ans. Durant les premières heures, elle ne voulait parler à personne, enfants comme adultes. À force de la solliciter régulièrement, elle a fini par s'ouvrir un peu, et a accepté de jouer avec d'autres enfants. Durant tout le moment où je la surveillais, elle n'a pas arrêté de m'appeler "Mama" toutes les trente secondes. Je ne sais pas si c'est bon signe, mais rien à faire, je lui expliquais que j'étais son amie si elle voulait, mais pas sa mère, mais elle continuait. En tous cas, je ne me fais pas de soucis vis à vis de son intégration avec les autres enfants.

Sinon, depuis la dernière fois, je suis également beaucoup sortie, car j'ai rencontré plein d'autres volontaires, qui viennent de part et d'autres du globe.

Nous avons donc, à plusieurs, découvert, entre autres : le Parque National de Córdoba (grand terrain vaste ou se réunissent jeunes comme moins jeunes pour papoter dans l'herbe), la Manzana Jesuitica du centre de Córdoba, le centre culturel espagnol de Córdoba, el Paseo de los Flores (ruelle avec des vendeurs de rue, très intéressant niveau prise de son) , el Paseo de los Artes (immense marché d'art où se vendent principalement bijoux et accessoires, et où se donnent chiots et chatons), balade générale dans le centre et au bord de la Canada, où se situent de nombreux bars. Nous y sommes d'ailleurs allés quatres soirs de suite, étant très abordables niveau tarif et surtout, ouverts toute la nuit, ce qui permet d'attendre sans problème les premiers bus. Note : je vous conseille la "Gancia" si vous en avez l'occasion, à peine plus alcoolisée qu'une bière et très goûtue, un peu fleurie.

Pas de temps pour m'ennuyer donc, entre le travail, les sorties avec les autres volontaires, et les sorties avec ma famille d'accueil, aussi (très branchée famille, d'ailleurs).
Juste parce que ça vaut le détour, sachez que le Monopoly argentin n'a strictement rien à envier au Monopoly enfantin français. Ou alors, j'étais parmi un groupe qui fait exception, mais j'en doute. Les vraies règles du jeu à proprement parler représentent, allez, disons 15% du jeu. Le reste ? Marchés noirs, trafics, arrangements, sous exploitations, fraudes, négociations, négociations, et encore négociations. Si on n'hurle pas "PAGEEEE" (ce qui veut dire "paye") quand quelqu'un nous doit de l'argent, tant pis. Après m'être fait avoir trois fois, j'ai fini par comprendre. Et j'ai bien dit hurler. Si bien que toute la rue devait être au courant qu'une partie de Monopoly était en train de se dérouler.
Cela a donc duré très, très, (trop) longtemps car il faut compter le jeu (ça, c'est rapide), et les négociations qui vont avec. Au final, le ton montait si fort et les "petits commerces" (dirons nous) spéculaient, fraudaient, et tentaient diverses arrangements, si bien qu'au bout d'une heure (montre en main), la partie s'est finie sans gagnant.. la banque ayant été totalement dépouillée par le commerce au noir.

Je précise qu'en aucun cas cette anecdote n'est citée pour critiquer d'une quelconque manière que ce soit la véritable économie argentine, bien évidemment, hein.

Voilà pour aujourd'hui.

Quelques photos, et je vous dis à bientôt !




  
Jeunes dans le skate Park du Parc National de Córdoba





En passant dans une rue...



 
Centre de Córdoba, quartier du Patio Olmos (quartier plutôt riche), le point de rendez-vous incontournable.




Toujours devant Patio Olmos


Manzana Jesuite, de nuit.


Et maintenant pour répondre à la question posée dans l'article précédent, puisque personne n'a trouvé, eh bien ce sont des poubelles, tout simplement !


PS personnel : Bon anniversaire Milie, ma soeur qui fête son quart de siècle aujourd'hui, avec qui je suis par la pensée à défaut d'être à côté pour ce moment-là :)




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